Le professeur Léonard occupait un obscur laboratoire dans les sous-sols de l’université, où il menait des expériences sur la perception du temps. Chaque soir, il testait un appareil de son invention censé ralentir le vieillissement des cellules. Un jour, en ajustant la dernière pièce du dispositif, un éclair lumineux l’aveugla subitement. Lorsqu’il rouvrit les yeux, il se trouvait dans un cabinet médical de campagne, plusieurs siècles en arrière.

Sur une table branlante trônait un vieux Tarot. Fasciné, Léonard y aperçut L’Hermite. Cette carte représentait l’expérience, le temps et les remèdes. En contemplant la lanterne du vieil homme illustré, il comprit que sa propre invention avait agi comme un pont temporel. À travers la brume qui enveloppait le cabinet, un ancien médecin lui apparut. Avec une patience infinie, ce dernier révélait au professeur des secrets de pharmacopée oubliés : décoctions d’herbes rares, onguents fabriqués selon des méthodes précises et surtout l’art de prendre son temps.

À mesure que Léonard étudiait ces pratiques séculaires, il découvrait leur efficacité pour guérir des maux aujourd’hui considérés incurables. Mais il sentait aussi combien l’approche lente et réfléchie du médecin de campagne différait de sa science moderne. Tout ici suggérait la prudence, la modestie et le respect du rythme naturel.

Soudain, l’appareil dans sa poche se remit à vibrer, le ramenant en un instant dans son laboratoire. Stupéfait mais enrichi de cette expérience hors du temps, Léonard regarda la carte de L’Hermite, désormais posée sur sa paillasse. Il sut alors que pour trouver les meilleurs remèdes, il lui faudrait s’inspirer de cette sagesse ancienne : avancer doucement mais sûrement, éclairé par la petite lumière de la connaissance patiemment acquise.

Hervé HERBAUT